A priori une urgence ordinaire : un mécanicien agricole -jeune, la trentaine- s'est pris une bricole dans son œil gauche. L'acuité visuelle est parfaite (10/10°), et l'examen au microscope de consultation (la "lampe-à-fente") de cet œil blanc et indolore ne détecte ni grain de meule, ni corps étranger oculaire superficiel. En revanche, l'instillation de fluorescéïne (un colorant largement utilisé en ophtalmologie) permet de détecter une micro-plaie cornéenne oblique transfixiante (= perforante) qui ne laisse pas fuir l'humeur aqueuse ; et surtout, en arrière de cette petite plaie, l'iris souffre d'un défect qui ressemble à aux iridotomies qui soignent les glaucomes à angle étroit :


iridotomie traumatique



La dilatation de la pupille avec une goutte d'atropine permet la découverte de l'intrus, enfoncé dans l'épaisseur du cristallin :


corps étranger intra-oculaire



Les risques sont à court terme l'infection intra-oculaire, et à moyen terme, la cataracte ; et toute imagerie en résonnance magnétique nucléaire (IRM) est contre-indiquée. Le patient prévenu bénéficie d'une semaine de quinolone en collyre (antibiotique pénétrant bien la cornée), plus, à défaut d'une surveillance inutile (une des plaies des délais des ophtalmologues), d'une disponibilité d'accès à la consultation.
Avec une énergie cinétique légèrement supérieure, l'éclat métallique (radio-opaque) flotterait dans le corps vitré, ou pire, serait enfiché dans la rétine au fond de l'œil. La chirurgie réparatrice devient infiniment plus délicate ; on se sert -entre autres- d'un électro-aimant super-puissant. Autrefois (= il y a une génération) l'œil était souvent perdu ; de nos jours, on arrive à sauver la majorité de ces yeux blessés.


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