Bien que la muqueuse oculaire soit une porte d'entrée accessoire du SARS-CoV-2, l'œil est rarement atteint par la Covid-19.
En début d'épidémie, exposée par sa profession para-médicale à une forte charge virale, cette charmante jeune femme (23 ans) souffrit d'une covid d'intensité modérée, mais dont les suites furent compliquées. Après des engelures d'orteils, très typiques de cette maladie chez les jeunes mais bénignes, apparurent des douleurs derrière l'œil gauche, accentuées par sa mobilisation, et accompagnées d'un trouble visuel. L'acuité visuelle n'avait baissé que d'un dixième, mais la "prise électrique" du nerf optique (appelée "papille optique") était congestive (oedémateuse, inflammatoire) :
La moitié gauche du disque blanc est anormalement rosée (plus que du côté droit) et comme "soufflée".
L'examen le plus simple, le moins invasif -et accessoirement le moins cher- pour confirmer le diagnostic est l'exploration du champ visuel :
La zone noire en bas à droite de cet œil gauche (qui correspond au nez) est devenue aveugle, car un faisceau de fibres nerveuses du nerf optique fut infecté par le virus ; on dit que c'est un scotome absolu. Il explique autant la perception de "trouble visuel" que la discrète baisse d'acuité. D'autres examens plus sophistiqués (dont une IRM normale) n'apportèrent aucune précision au diagnostic. Collégialement, en raison du caractère nouveau de la maladie et de l'évolution généralement favorable de ce syndrome, l'abstention thérapeutique fut décidée.
Ce choix ne fut pas mauvais, puisque 6 mois plus tard, le champ visuel s'est bien amélioré, la "variance" (l'hétérogénéïté, la dégradation) passant de 32,6 à 19,7 :
Il n'y a plus de zone aveugle (noire), mais une hyposensibilité visuelle (nasale inférieure) ; concomitamment, l'acuité visuelle a récupéré.
Cinq ans après, persiste un scotome relatif, probablement responsable d'une gêne visuelle fluctuante, qu'il faut accepter comme séquelles.
Cette atteinte fasciculaire (= d'un faisceau de fibres nerveuses) du nerf optique n'est pas sans rappeler ce qu'on observe dans le glaucome chronique, où les dégradations fasciculaires ne sont pas inflammatoires, mais mécaniques (baro-traumatiques) et irréversibles.
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