Le diabète sucré, de type 1 (insulinique) ou 2 ("gras"), provoque une hyperglycémie chronique, c-à-d. trop de sucre dans le sang. De manière simpliste, le sirop de sucre gène la circulation du sang dans les artérioles et les capillaires, provoquant des micro-bouchons. En amont de ceux-ci, le capillaire se dilate, puis rompt, laissant passer dans la rétine le plasma et le sang, provoquant œdème et hémorragie ; en aval, des micro-confettis de rétine ne sont plus vascularisés, et meurent d'asphyxie. La rétinopathie diabétique apparaît au bout de plusieurs années, souvent plusieurs lustres de diabète, d'autant plus précocement que le diabète fut déséquilibré ; elle peut mener à la cécité, que l'on peut prévenir avec le laser. J'ai l'habitude de dire "le laser chez le diabétique, c'est le vaccin contre la canne blanche" ; voilà pourquoi tout diabétique doit consulter régulièrement l'ophtalmologue, qui, s'il dépiste une rétinopathie diabétique, fera éventuellement une angiographie rétinienne (photo n°2), laquelle permet de guider le traitement laser.
Cette première photo, appelée "rétinographie", témoigne d'un déséquilibre prolongé d'un diabétique gourmand et indiscipliné. On y trouve des hémorragies, des micro-anévrysmes (dilatation pré-capillaires), et de petites zones d'œdème chronique marquées par les petites taches blanches. La papille (= prise électrique du nerf optique) est blafarde, témoignant d'une artériolosclérose associée ; et en l'inspectant attentivement, on dépiste un fin lacis de "néo-vaissaux", suscités par d'importantes zones de rétine privées d'oxygène. À ce stade, la rétinopathie est dite "pré-proliférante", et mérite une pan-photo-coagulation rétinienne au laser, pour éviter l'hémorragie intra-oculaire et le glaucome néovasculaire.
Cette deuxième photo (d'un autre patient) a été prise 14 secondes après l'injection du colorant en intra-veineux : les artérioles, minces, sont bien colorées (blanches) par la fluorescéine, et pour l'instant, seules les parois des veinules sont tapissées de colorant : il s'agit du temps "artério-veineux" de cet examen dynamique. Toutes les petites taches noires sont des hémorragies, et tous les petits points blancs sont des micro-anévrysmes, c-à-d. des micro-hernies capillaires. Certains clichés adjacents de la rétine de ce même patient sont plus inquiétants encore, qui ont conduit à décider de traiter au laser, afin de sauver l'œil.
Ces deux cas de rétinopathie diabétique graves ne doivent pas inciter au fatalisme, car :
- grâce aux progrès de la médecine, on voit de plus-en-plus de diabétiques vivre très longtemps avec des rétines normales, pour peu qu'ils soient motivés à se soumettre avec discipline à la diététique et au traitement
- au début de la rétinopathie diabétique, il est fréquent de constater des améliorations spectaculaires, voire une normalisation de la rétine, dès que le patient décide de se prendre en charge
- à son stade précoce, le diabète méta-pléthorique (c-à-d. "gras", de type 2), peut même guérir au prix d'une perte de poids rapide.
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